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L’équipe principale de l’OEM a collaboré avec le Forum des politiques publiques au projet Démocratie numérique pendant la campagne électorale fédérale de 2019.

Ce projet consistait à étudier l’écosystème médiatique de la période électorale et pré-électorale en maintenant une veille des médias sociaux et numériques et en effectuant des sondages nationaux et une analyse par échantillon sur la fréquentation de l’internet. Le projet a partagé les résultats de ses recherches d’août à octobre 2019 (voir les rapports ci-dessous) et publiera un rapport final en avril.

Le projet a été financé en partie par la Fondation Rossy, la Fondation McConnell et le Luminate Group. Le projet a également participé au Défi de recherche sur l’écosystème numérique,  un projet de recherche en collaboration mené par Taylor Owen et Elizabeth Dubois et financé grâce à une bourse de Patrimoine canadien. Le projet Démocratie numérique a partagé les résultats de ses sondages et de sa veille numérique avec 18 groupes de recherche financés via cette collaboration.




LESSONS IN RESILIENCE: Canada's Digital Media Ecosystem and the 2019 Election


L’écosystème de l’information politique est sans doute plus résilient au Canada que dans d’autres pays, notamment les États-Unis, grâce à la confiance relativement élevée de la population envers les médias d’information traditionnels, à son haut niveau d’intérêt et de connaissances politiques et à sa faible polarisation idéologique en général, en dépit de la fragmentation de l’internet. Bien que la polarisation affective soit bien présente (ce que les individus ressentent à l’égard des autres partis et de leurs sympathisants), nous constatons moins de polarisation à propos des enjeux – un point de vulnérabilité important dans d’autres élections à l’étranger.

Malgré quelques inquiétudes au sujet d’opérations automatisées visant à détourner des mots-clics sur Twitter ou de la présence de quelques médias en ligne de troisième zone, nos recherches suggèrent que ces phénomènes ont été de peu de conséquence. Des angles morts importants persistent du fait de la difficulté d’accès aux données, mais d’après les communications que nous avons pu voir, on ne trouve pas de trace d’une campagne de désinformation coordonnée.

Si l’on se projette dans le futur, cependant, certaines données pointent vers de possibles vulnérabilités, la plupart en lien avec une intensification de la partisannerie et de la polarisation, de même qu’avec la segmentation de l’électorat sous l’action d’environnements informationnels en ligne qui renforcent les visions du monde existantes.


Note de recherche no 7: The Partisan Playground


L’un des objectifs du projet Démocratie numérique était d’observer l’environnement médiatique numérique en vue d’identifier des menaces potentielles à la démocratie canadienne. Nos précédentes notes de recherche ont montré que les médias sociaux ne contribuent probablement pas à la polarisation politique au pays, et que les Canadiens font généralement confiance aux médias d’information traditionnels; mêmes les individus très partisans ont plus de chance d’intervenir dans les organes de presse conventionnels que dans les médias qui se consacrent aux marges. De plus, le discours plus partisan et fragmenté que l’on retrouve sur internet ne se reflète pas nécessairement dans les attitudes et les croyances de la population en général. En dépit de ces bonnes nouvelles, notre rapport final sur cette période électorale, qui se fonde sur les données recueillies au cours des trois derniers mois, indique que notre environnement informationnel continue de présenter des vulnérabilités importantes. Les personnes partisanes, qui sont aussi les citoyens les plus actifs en période électorale, préfèrent consommer des contenus qui confortent leurs visions du monde plutôt que de nouer le dialogue avec ceux qui défendent des perspectives différentes.


Note de recherche no 6: Political Advertising on Facebook


Le Parti libéral du Canada a plus dépensé d’argent en publicité sur Facebook que les conservateurs. Il a aussi diffusé des messages beaucoup plus ciblés. Les conservateurs ont préféré une stratégie plus généraliste.

Le groupe politique qui a le plus dépensé est, de loin, Canada Proud. Nous avons fait le constat troublant qu’au moins deux annonces prétendant faire une « vérification des faits » étaient en fait des publicités partisanes.

Les Canadiens n’affichent pas de préférence particulière pour les publicités politiques « positives ». Les publicités négatives augmentent les perceptions négatives à l’égard du parti visé, mais elles affectent aussi négativement la perception du parti qui les a achetées.

La publicité positive semble réduire la polarisation affective – c’est-à-dire l’aversion éprouvée envers les partis et leurs sympathisants à l’autre bout de spectre politique simplement parce que ce sont des adversaires.

Note de recherche no 5: Fact-Checking, Blackface and the Media


Si une impression générale se dégage des rapports du projet Démocratie numérique jusqu’à maintenant, c’est qu’une bonne partie des idées généralement admises sur l’état présent de la démocratie et des médias sont, sinon fausses, du moins mal fondées empiriquement. Par exemple, contrairement aux idées reçues, les Canadiens ne sont pas enfermés dans des chambres de résonance érigées par des médias partisans, et leur confiance envers les médias traditionnels demeure assez élevée. Certes, on trouve des indices d’une polarisation politique accrue, mais celle-ci semble attribuable avant tout aux partis eux-mêmes plutôt qu’aux médias. Par conséquent, les médias disposent encore d’une bonne marge de manœuvre pour jouer un rôle positif et soutenir une conversation démocratique de bonne foi. Cette note de recherche explore cette thématique de deux façons.

Premièrement, de nouvelles données de sondage suggèrent que les Canadiens valorisent fortement la vérification des faits, et que celle-ci peut se révéler efficace. Cela dit, bien que la vérification des faits ait depuis toujours fait partie intégrante du journalisme « citoyen », il n’apparaît pas que le travail des journalistes à cet égard soit plus efficace que celui d’autres sources.

Deuxièmement, une analyse factuelle de la controverse sur le blackface de Justin Trudeau révèle que la première grande vague d’activité en ligne s’est caractérisée par le partage massif de matière journalistique de qualité. L’intérêt déclinant, le flambeau a été repris en grande partie par des conservateurs discutant entre eux sur internet; on voit peu de traces d’acteurs ayant tenté cyniquement d’orienter la discussion.


Note de recherche no 4: Talking Past Each Other on Immigration


Depuis le début des sondages d’opinion du projet Démocratie numérique, cet été, on constate que l’immigration figure à peu près en milieu de liste des préoccupations politiques des Canadiens. Le Canada a traditionnellement fait bon accueil aux immigrants et aux réfugiés, mais avec la montée du populisme et du nativisme aux États-Unis et en Europe – et l’apparition ici même du Parti populaire du Canada –, les politiciens et les analystes sont aux aguets pour voir si l’immigration ne serait pas en train de devenir un enjeu électoral significatif.

En un mot, c’est effectivement le cas, mais pas de façon aussi polarisante qu’on le craint en général. La bonne nouvelle est que les Canadiens d’un bout à l’autre du spectre politique ont des idées complexes et nuancées au sujet de l’immigration, et qu’ils demeurent réceptifs aux informations pertinentes (par exemple le nombre réel d’immigrants accueillis chaque année au pays).

La mauvaise nouvelle est peut-être que les débats sur l’immigration ont tellement de dimensions que la discussion publique sur le sujet tend à être contre-productive.


Note de recherche no 3: Polarization and its Discontents


Les chercheurs, les spécialistes et les simples commentateurs affirment depuis un moment déjà que le Canada ressemble de plus en plus aux États-Unis en ce qui a trait à la polarisation, généralement définie comme la segmentation de la société en tribus de plus en plus isolées et de moins en moins capables de se comprendre. Il est également coutumier d’en faire porter la responsabilité au moins partielle à la sphère médiatique, où la chambre de résonance de médias sociaux de plus en plus partisans amplifie les désaccords et déforme le débat public.

Les Canadiens sont certes polarisés, mais d’après nos données, les choses sont un peu plus compliquées qu’on pourrait le croire. En particulier, l’explication classique qui rend les chambres de résonance des médias sociaux responsables d’une polarisation véritable ne résiste pas à la confrontation avec les résultats de nos sondages et de notre enquête sur l’internet. Oui, certains sous-ensembles d’usagers de Twitter constituent des chambres de résonance, mais nos sondages indiquent que leur impact hors du web est très limité.

En fin de compte, les plus grands facteurs de polarisation semblent être l’idéologie et la partisannerie elles-mêmes. Au fur et à mesure que nos partis politiques se différenciaient sur le plan idéologique, leur plus ardents partisans se sont sentis plus éloignés les uns des autres. Ceci semble confirmer les résultats présentés dans notre première note de recherche : ce sont les consommateurs de médias les plus partisans qui sont le plus à risque d’être mal informés par suite de leur exposition à l’information, notamment via les médias sociaux.


Note de recherche no 2: The Climate Change Conundrum


Deux enjeux électoraux émergent clairement de nos deux premiers coups de sonde : les changements climatiques (pour les libéraux et les supporters des partis inclinant à gauche) et l’éthique (pour les conservateurs). Mais alors que les conservateurs éprouvent des difficultés à focaliser l’attention du public sur leurs préoccupations éthiques (même au sein de leur propre électorat), les libéraux font face à un problème encore plus complexe : car les électeurs qui croient en l’importance des changements climatiques ne semblent pas intéressés à faire quoi que ce soit à cet égard.

Note de recherche no 1: Media, Knowledge and Misinformation


La fréquentation des médias imprimés, électroniques et en ligne traditionnels demeure relativement élevée d’un bout l’autre du spectre partisan. Les médias alternatifs qui couvrent la politique avec un parti pris idéologique assumé sont plus appréciés sur Twitter que dans la population en général.

Les Canadiens ont tendance à faire confiance aux organes de presse traditionnels pour obtenir de l’information politique, en tout cas davantage qu’aux partis politiques et aux médias sociaux.

L’exposition aux médias classiques et, surtout, aux médias sociaux s’accompagne d’un niveau élevé de mésinformation. L’un des principaux points de vulnérabilité du système est la forte  tendance des consommateurs de médias qui sont très partisans à devenir mésinformés en s’informant, particulièrement par l’entremise des médias sociaux.

La question environnementale est devenue le sujet politique dominant pour les Canadiens, quoique beaucoup moins chez les sympathisants du Parti conservateur. Ce fut également un enjeu majeur parmi les candidats et les journalistes sur Twitter.

Toutefois, d’autres questions jugées importantes par le public – les soins de santé et l’économie, par exemple – ont moins retenu l’attention des candidats et des journalistes.